Nous quittons Nghia Lo pour Sapa (250 km) qui est à 1700 mètres d'altitude. En route nous verrons nos premières rizières en terrasse. Lorsque nous avons établi notre programme avec Dong, les distances à parcourir chaque jour nous paraissaient peu importantes. Quelle erreur ! Notre moyenne a été d'environ 35 kilomètres à l'heure. Les routes, parfois de simples pistes, sont totalement défoncées par des camions trop lourdement chargés. Les éboulements sont fréquents et l'attente peut être longue. Grâce à la virtuosité de Phuong, notre chauffeur, nous sommes toujours arrivés à bon port mais avec quelques frayeurs ... A déconseiller aux femmes enceintes et aux personnes souffrant du mal des transports !
Sapa est une ancienne station climatique construite par les Français en 1922 au pied du mont Fansipan (3143 mètres). Elle est atteignable par le train de nuit qui vient de Hanoï (10 heures chaque trajet) . Elle ressemble à une de nos stations de montagne il y a quelques années avec des magasins vendant des copies de vêtements et chaussures de randonnée de marque provenant de la Chine toute proche ainsi que des magasins de souvenirs. L'hôtel Bamboo Sapa fut une heureuse surprise. TV5 monde diffusait une émission suisse alémanique traduite en français et sous-titrée en vietnamien !

Ces femmes H'mongs noirs nous attendaient à l'arrêt de notre bus et nous ont accompagnés tout au long de notre randonnée de 7 kilomètres vers leur village. Pas tout le long, seulement le temps de vendre (très cher) la marchandise qu'elles portent dans leur dos avant de retourner vers d'autres touristes. Ce qui est amusant au début devient au fil du temps du harcèlement. La jeune femme du milieu parlait correctement le français et l'anglais et m'a avoué avoir été mariée à 15 ans (mariage arrangé)..

Une maison du village de Loa Chai. Les toits autrefois en chaume ou en paille de riz ont été remplacés par de la tôle ondulée.

Dans une ancienne usine électrique construite par les Français, les ethnies présentent un spectacle de danses folkloriques qui se termine par la danse des bambous à laquelle les spectateurs sont invités.

Si les Chinois et les Vietnamiens d'origine résident essentiellement dans les centres urbains et les régions côtières, les autres ethnies, environ 10% de la population, vivent dans les régions d'altitude au nord-ouest ainsi que sur les hauts plateaux du centre et du sud. Certaines vivent au Vietnam depuis des milliers d'années, d'autres sont venues récemment. Sous le mandat français, nombre d'entre elles furent dépossédées de leurs terres au profit des colons qui les employèrent comme ouvriers. La plupart des ethnies montagnardes étaient semi-nomades et pratiquent encore aujourd'hui la culture sur brûlis ce qui nuit à l'environnement. Le gouvernement les encourage à cultiver les terres en basse altitude mais leur méfiance envers l'ethnie vietnamienne majoritaire les empêche de venir dans les plaines. En effet les préjugés à leur encontre les maintiennent au bas de l'échelle en ce qui concerne l'éducation et l'économie.
L'arrivée de l'électricité, de la médecine moderne sous forme de dispensaires, de la scolarisation a amélioré les conditions de vie de ces minorités. Par contre l'arrivée massive du tourisme à Sapa d'où surexploitation des ressources naturelles, augmentation des déchets, prostitution (salon de massage et karaoké !) provoque la disparition progressive des valeurs et pratiques communautaires. En descendant vers l'usine électrique nous avons vu de nombreuses boutiques vendant des objets que nous pensions fabriqués par les ethnies. Quelle erreur, les boutiques sont tenues par des Vietnamiens qui ont chassé les ethnies et la marchandise vient de Chine !